Philosophie des âges de la vie
“Faire ou ne pas faire son âge ? Telle serait désormais la question. Mais elle n’est pas si simple, car ces deux impératifs coexistent de nos jours d’une manière qui pourrait sembler contradictoire. On veut profiter de sa retraite tout en restant jeune ; on valorise le bon jeune temps de l’enfance tout en aspirant à la maturité autonome de l’adulte ; l’adolescence éternelle nous tente tout autant que le confort bourgeois. Bref, tout se passe comme si l’époque se façonnait un âge rêvé constitué de la meilleure part de toutes les périodes de la vie : l’innocence imaginative de l’enfant, la vitalité révoltée de l’adolescent, l’autonomie responsable de l’adulte et l’expérience désintéressée du vieillard ; avec, évidemment, comme repoussoir : la dépendance naïve du gamin, l’idéalisme béat de l’âge bête, le réalisme cynique et sérieux de l’adulte et la décrépitude égoïste des vieillards. Bref, le meilleur, mais sans le pire.”
in Philosophie des âges de la Vie, Eric Deschavanne et Pierre-Henri Tavoillot, Grasset, p.12.